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Léaud



1996

« Tu prends en charge un lieu avec son histoire, ses fantômes et ses personnages » me déclare Claude Vérité au moment de me passer les clefs de la galerie mythique d’art africain fondée par son père Pierre en 1930.

Les fantômes je les connaissais de nom ,Braque, Picasso, Malraux, Breton, Max Ernst et toute la tribu des artistes du 20ème Siècle passionnés des Arts Lointains .

J’allais découvrir les« personnages »,bien

vivants très rapidement . Entre autre autorité : « Le petit Léaud » comme l’appelaient les Vérité

En effet, quelques semaines après ma prise de possession de l’endroit une inquiétante tornade poétique s’abat sur la porte vétuste en la personne de Monsieur Léaud, plus propriétaire que moi-même pour un examen de passage !

Qui est donc le repreneur de ce lieu de mémoire? A-t-il conscience de ses responsabilités? Un imposteur?

Je n’ai pas eu ma note, mais ses visites aussi irrégulières que fidèles me laissent à penser que j’ai dû avoir la moyenne ce jour-là.

Un an ou deux plus tard, il débarque avec son énergie habituelle et ce terrifiant cimier de danse en bois et peau d’antilope ,originaire du peuple Ekoi au Nigeria.

« En ce moment je n’ai pas la force de « la » vivre, garde cette tête pour moi avec ses amis fétiches, ne la vends pas, je passerai lui rendre visite » me confie-t-il.

Cette pièce, immédiatement devenue « la tête de Jean Pierre Léaud » s’est très bien acclimatée dans la maison des esprits de Montparnasse. Elle renforce encore un peu plus le Mana de la galerie .


Prochaine histoire : La mort de Jean Rouch par Jean Pierre Léaud

 

1996

"You take charge of a place with its history, its ghosts and its characters," Claude Vérité declares to me when handing me the keys to the mythical gallery of African art founded by his father Pierre in 1930. The ghosts, I knew them by name, Braque, Picasso, Malraux, Breton, Max Ernst and the whole tribe of 20th Century artists passionate about distant Arts.

I was going to find out about the "characters", well alive, very quickly. Among other authorities: "Le petit Léaud" as the Vérité family called him. A few weeks after I took possession of the place, a disturbing poetic tornado descended on the dilapidated door impersonated by Mr. Léaud, more of an owner than myself, had come for a passing exam! Who is the new owner of this place of memory? Is he aware of his responsibilities? Is he an impostor? I didn’t get my grade, but his irregular and regular visits lead me to believe that I must have been close to the average that day. A year or two later, he arrives with his usual energy and carrying a terrifying dance crest made of wood and antelope skin, originally from the Ekoi people in Nigeria. "Right now I don't have the strength to 'live it', keep this head for me with its fetiche friends, don't sell it, I'll come visit," he confides. This piece, which immediately became "the head of Jean Pierre Léaud", acclimatised very well in the house of spirits of Montparnasse. It strengthens the gallery's Mana until today.

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